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Bonjour,
Aujourd’hui, en ce jour caniculaire qui nous rappelle l’été ☀️, la plage, l’Afrique et surtout l’urgence climatique… je souhaite vous laisser partir en vacances avec cette dernière newsletter, préparée aux petits oignons.
Au programme :
Le 101 : L’urbanisation en Afrique
La trend : la mode des SPACs, ces outils financiers facilitant les introductions en Bourse
Le spotlight : L’hydrogène vert namibien
Alors que certains enfants ne peuvent échapper aux cahiers de vacances (c’était mon cas), les seuls devoirs que je vous conseille, c’est de partager cette newsletter ❤️, de laisser un commentaire 👌 et de vous abonner à mon podcast 🎧 Africa’s Investor Call (enrichissement garanti !)
A très vite, en septembre 😉
Le 101 : L’urbanisation en Afrique
Récemment, une copine entrepreneuse (hello Pascaline 😊) partage une sacrée anecdote : lors d’une soirée afterwork il y a 2 mois, elle se présent en précisant qu’elle a passé sa petite enfance au Tchad. C’est à ce moment qu’une jeune fille de 25-30 ans la regarde les yeux écarquillés: “Ah oui ? Donc tu as grandi dans la jungle…..?” 😒 Oui ce sont des réflexions que l’on peut encore entendre …
Zoom sur l’urbanisation accélérée de l’Afrique
Il y a 30 ans, l’Afrique comptait des milliers de villes. Aujourd’hui, avec le taux de croissance urbaine le plus élevé au monde (>4,5%), 60% des africains devraient être citadins en 2050 soit 1,2 milliards de personne.
Alors que le taux de fécondité s’effondre dans les pays riches, 50% des naissances sera porté par 8 pays dont 5 sont sur le continent Africain.
Si les enjeux alimentaires sont énormes, l’urbanisation et l’accès à des logements décents sont également des sujets primordiaux. Au regard de l’opportunité (ou challenge ?) démographique qui attend l’Afrique, le continent travaille à organiser ses villes en pariant sur les infrastructures avec l’idée que la construction de villes durables est au coeur du développement du continent.
L'urbanisation en Afrique contribue à l’amélioration de ses résultats économiques et à l’augmentation du niveau de vie. Il montre que pour la plupart des variables socio-économiques, les villes africaines obtiennent des résultats nettement supérieurs à ceux des pays dans lesquels elles sont situées. L'écart de performance entre les villes et les moyennes nationales est plus important en Afrique que dans de nombreuses autres régions du monde. Un fait ne peut être minoré : au cours des 30 dernières années, les villes africaines ont absorbé 500 millions de personnes tout en parvenant à maintenir leurs performances économiques, à offrir de meilleurs emplois, un meilleur accès aux services et aux infrastructures. Les retombées positives de l'urbanisation s'étendent également aux zones rurales, qui bénéficient de la proximité des villes.
Source: https://www.afdb.org/fr/documents/dynamiques-de-lurbanisation-en-afrique-2022-le-rayonnement-economique-des-villes-africaines
NB: Au 15 novembre 2022 la population mondiale sera de 8 milliards d’habitants selon l’ONU dans une étude publiée la semaine dernière. En 2023, le pays le plus peuplé sera officiellement l’Inde, dépassant la Chine.
La Trend : Les SPAC
Lors de ma participation à la conférence sur les Fonds d’investissements africains à Dakar en avril, j’ai eu l’occasion d’en apprendre davantage sur les ambitions africaines autour des SPAC.
Faire son entrée en Bourse est un exercice périlleux pour une entreprise : le prix est incertain, le processus prend du temps avec beaucoup de risques à gérer…
Une solution existe et permet de fournir un cadre plus stable, plus rapide (3 à 4 mois), un prix déjà fixé, et moins d’incertitude à la clé : c’est la SPAC.
Une SPAC (special vehicle acquisition company ou société d’acquisition à vocation spécifique) est une coquille vide cotée et pré-financée par des investisseurs et dont l’objectif est de trouver, en moins de 2 ans, une entreprise prête à s’introduire en Bourse avec laquelle il fusionnera/fera l’acquisition avec l’accord des investisseurs, une étape appelée “DeSPACing”.
Concrètement, une SPAC est créée et financée par des investisseurs souhaitant participer à l'introduction en Bourse d’entreprises prometteuses. Au tout premier stade, personne ne sait encore quelle sera l’entreprise. C’est donc un “chèque en blanc” pour aller chercher la prochaine pépite.
Sur le papier, l’histoire plait : le phénomène, venant des Etats-Unis, a pris beaucoup d’ampleur en 2020 sous l’effet combiné de la pandémie et un fort appétit de la part des investisseurs, jusqu’à atteindre la création de 680 SPAC, représentant 170 milliards de dollars combinés globalement.
Dans les faits, c’est plus compliqué quand on parle de la phase de deSPACing : beaucoup de ces SPAC sont encore à la recherche active d’acquisitions et certaines ont déjà dues être liquidées pour cause de dates échues, et parfois le résultat n’est pas à la hauteur des attentes comme le montre l’exemple récent de Deezer qui chutait de 35% le lendemain de son opération avec la SPAC I2PO.
Alors que le phénomène ralentit considérablement aux US et en Europe avec quelques échecs et une deadline qui approchant pour beaucoup d’entre elles (au bout de deux ans, sans deSPACing, les investisseurs sont remboursés), la SPAC est néanmoins très regardée par les bourses africaines qui cherchent à approfondir et enrichir leurs marchés de capitaux et faciliter les introductions en bourse pour leurs entreprises. Ainsi l’Egypte et le Kenya ont déjà officiellement approuvé des réglementations favorables aux SPAC. Avec le boom des investissements faits dans le secteur privé et notamment dans des startups, la SPAC est une voie non négligeable qui apporte des arguments supplémentaires aux fonds d’investissement intéressés par continent.
Affaire à suivre…
Le Spotlight : L’hydrogène vert Namibien
La France et l’Allemagne en ont fait une priorité avec un budget de 7 milliards d’euros d’ici à 2030, chacune. L’Italie, la Norvège et plusieurs autres états d’Europe se focalisent sur ce segment aussi avec la mise en place de partenariats bilatéraux avec des pays africains : l’hydrogène vert a le vent en poupe. Serge Eric Menye, CEO de Grassfields Ventures nous en parle en détail dans le podcast de cette semaine.
Qu’est-ce que l’hydrogène vert ?
L’hydrogène est un élément chimique sous forme de gaz, utilisé sous forme de carburant par de nombreuses industries/secteurs telles que la chimie (et la production d’engrais), la sidérurgie, le raffinage, le textile sous forme de carburant…. Il est majoritairement fabriqué à partir de sources hydrocarbures (charbon, pétrole et gaz naturel) et génère donc beaucoup d’émissions de CO₂ (jusqu’à 10 kilos de CO₂ par kilo produit selon IFP Énergies Nouvelles). Il est qualifié d’hydrogène “gris”.
Pour ces industries qui peinent à se décarboner, des solutions à base d’hydrogène vert se dessinent : l’hydrogène se retrouvant également dans l’eau, l’électrolyse de l’eau via un courant électrique de source renouvelable (éolienne, photovoltaïque ou hydraulique) permet de réduire massivement les émissions de gaz (aucune émission de CO₂ , d’où le nom d’”hydrogène vert”).
L’Afrique, un partenaire recherché
A ce titre, le continent africain présente un énorme potentiel au vu des ressources sur le plan éolien, photovoltaïque et hydraulique.
Plusieurs pays africains s’engagent à grande vitesse dans cette voie pour accélérer leur production d’électricité et exporter vers des pays européens en demande. L’Algérie, le Maroc et la Namibie ont chacun récemment signé des partenariats clés avec des pays tels que l’Italie, la Norvège, l’Allemagne et la France.
L'Afrique a l'opportunité de prendre toute sa place dans ce gigantesque mouvement de décarbonation. L'ensoleillement et le coût maîtrisé du foncier, notamment dans les zones désertiques, sa position géographique au sud de l'Europe devraient en théorie lui permettre de fournir une production d'hydrogène à grande échelle à un prix compétitif (autour de 2-3 dollars par kilogramme, contre 5-9 dollars en Europe).
source : https://www.afdb.org/fr/documents/dynamiques-de-lurbanisation-en-afrique-2022-le-rayonnement-economique-des-villes-africaines
L’exemple Namibien
Le gouvernement de Namibie affiche des ambitions claires sur le sujet, et a commissionné le consortium franco-allemand Hyphen Hydrogen pour développer sa production d’hydrogène vert à partir de l’énergie solaire et éolienne. Un investissement de 9 milliards dollars est alloué à ce projet.
Situé au sein du parc de Tsau Khaeb, qui fait partie des 5 meilleurs sites mondiaux mêlant soleil et vent, le projet ambitionne :
d’éviter le rejet de 45 millions de tonnes de CO₂
permettre la création de 15 000 emplois directs pendant la phase de construction et 3 000 autres permanents en pleine exploitation, dont 90 % devront être occupés par des locaux
de distribuer une électricité moins coûteuse au sein des zones rurales de Namibie
de faciliter la mise en place de nouvelles infrastructures
L’Afrique produit 1,5% des émissions carbones mondiales pourtant les conséquences du réchauffement climatiques sont les plus extrêmes sur le continent menaçant d’insécurité alimentaire et de catastrophes naturelles.
Alors que le monde cherche à se défaire d’une consommation hydrocarbure, l’Afrique peut montrer la voie en prenant le lead sur l’hydrogène vert.
La nuit dure longtemps mais le jour finit par arriver
J'ai aimé lire cette NL. Très intéressant.
L'Afrique dispose de beaucoup, alors elle doit s'approprier ces richesses !
Very instructive … as always !